Thomas Rafie-Université de Montréal

Des recherches approfondies ont démontré que la représentation descriptive est importante. Les membres de groupes sociaux partagent souvent des intérêts communs et les élus qui font partie de ces groupes peuvent exercer leur pouvoir pour promouvoir les intérêts de leur groupe. Alors que la plupart des études sur la représentation descriptive portent sur les femmes et les minorités ethniques, peu d'entre elles s'intéressent à la représentation descriptive des groupes économiques. Cette étude tente de remédier à cette situation en posant deux questions : comment la représentation descriptive de la classe ouvrière a-t-elle évolué et comment ces changements de représentation sont-ils liés aux politiques des partis ? J'utilise l'ancien emploi des députés du Canada et du Royaume-Uni comme indicateur de classe sociale pour analyser les tendances de la représentation de la classe ouvrière depuis la Seconde Guerre mondiale. Ensuite, je combine ces tendances avec les données du Comparative Manifesto Project (CMP) pour mesurer l'ampleur du lien entre la proportion de députés issus de la classe ouvrière et l'orientation idéologique des plateformes électorales des partis. Les résultats descriptifs indiquent que la classe ouvrière était représentée parmi les députés durant le milieu du 20e siècle, mais que cette représentation est essentiellement disparue depuis les dernières décennies. De plus, les résultats des régressions démontrent que la présence de députés issus la classe ouvrière pousse vers la gauche les politiques des partis canadiens et britanniques, mais que l’effet est principalement dû à l’influence des partis. Les implications de ces résultats alimentent le débat sur l'importance de la représentation des groupes économiques, puisque les résultats démontrent une croissance du déficit de représentativité qui influence les choix électoraux offerts aux électeurs.

Ce contenu a été mis à jour le 22 février 2024 à 9 h 05 min.